J’ai toujours eu peur de passer à côté de ma vie.
Je ne sais pas vraiment pourquoi, mais je me revois très petite avec cette pensée que l’on peut être en vie et ne pas se sentir exister. Enfant, je regardais beaucoup la télévision et en fouillant dans ma mémoire, j’imagine que cette angoisse est née d’émissions que je regardais où des invités expliquaient qu’ils ont commencé à se sentir vivant à partir de 40, 50 ans et plus. Alors très petite, je me suis promis de vivre bien avant ça. Pour moi, le fait d’exister ne découlait pas d’une relation de couple ou d’une famille à fonder mais de l’activité principale d’une personne —— SON TRAVAIL—-.
Ah la la ! Autant trouver l’amour et fonder une famille me paraissait accessible et facile….(oh douce innocence enfantine). Autant, un travail source d’épanouissement était synonyme de quête, de quête du G R A A L. (Je ne sais pas non plus où j’ai péché cette idée…)
Je devais être en fin de primaire/début collège quand tout ça s’est décidé.
« Plus grande, j’aurai une vie qui me ressemble avec un travail épanouissant ! ».
Le collège s’est passé sans encombre puis est venu le lycée avec les questions d’orientation. Voilà, Sidonie il était temps de choisir le métier de ta vie et force était de constater que rien ne se dégageait comme une passion significative ! Un talent naturel qui me permettrait de me dire « tu es faite pour ça même pas besoin d’y réfléchir ». J’étais animée par la ferveur d’une passionnée…..mais sans passion ! Alors, comme toute personne sans vocation notoire, j’ai commencé à me poser des questions sur ce qui me plairait et deux options se sont distinguées.
1ère option : psychanalyste
Je disais psychanalyste mais en vérité je voulais faire des études sur les gens. Pour comprendre pourquoi nous pensons comme nous pensons et pourquoi nous faisons ce que nous faisons. Je trouvais l’être humain très intriguant. Je pensais que ce n’était pas un métier et donc la psychanalyse était ce qui s’en rapprochait le plus.
2ème option : Décoratrice d’intérieur
Ah je voyais des couleurs et des matières. J’adorais l’idée de rentrer chez une personne et de relever le défi d’exprimer sa personnalité en meuble, en peinture et en décoration. Avec le bonus de se plonger dans un univers différent à chaque fois. « Dis-moi qui tu es et je te dirai ce que vois. » Un métier créatif et humain. – Parfaite combinaison –
Après réflexion, pour la 1èreoption, les études me semblaient trop longues et quand je me projetais dans le « fauteuil » tout était gris et sombre…et quand je me projetais en tant que décoratrice, il y avait plein de couleurs, plein de vie.
Voilà, le choix était fait, j’allais être décoratrice d’intérieur !
En faisant davantage de recherches sur le métier, j’ai réalisé qu’il n’y avait pas de voie royale ou de diplôme vraiment reconnu par l’Etat. Cependant, les écoles d’art représentaient de bonnes alternatives. Je me suis donné une année pour prendre des cours de préparation aux concours d’entrée. Après candidatures, je n’ai reçu que des lettres de refus. Je me retrouvais à 18 ans sans A U C U N E idée de ce que j’allais faire de ma vie et c’était profondément décevant. Je manquais à ma promesse d’enfance. En fait, le problème était surtout que je n’étais pas habituée à l’inconnu. Jusqu’en terminale la prochaine étape était toujours très claire et sans surprise.
—-Il fallait intégrer la classe supérieure.—-
Le parcours se dessinait de lui-même. Et là, soudain, c’était comme si on me donnait le flambeau de ma vie en me disant » Vas-y ma grande, c’est toi qui décides maintenant ! « . Et moi, j’avais pris ce flambeau avec un sourire crispé, une main tremblante et surtout en me disant « Purée, je fais quoi maintenant… ». Devant l’océan de possibilité de formation, de parcours, de métiers, j ’étais obligée de réaliser que deux salons de l’orientation en terminale n’étaient vraiment pas suffisants pour me/nous préparer à ce qui arrivait après la formation secondaire….
Nous étions donc en mai 2007 et je devais trouver quoi faire pour la prochaine rentrée. J’avais une certitude, je voulais un métier humain. Ma sœur évoqua l’hôtellerie. Un secteur qui recrutait et où il y avait beaucoup de contact. Banco ! Je suis partie sur l’hôtellerie. Après tout, j’étais sensible à la décoration et il y avait vraiment de beaux hôtels …et je pouvais pratiquer l’anglais que j’adorais.
Mais au bout d’un an de formation en alternance, je me suis dit nope pas pour moi. Aussi simplement, j’étais de retour à la case départ « Qu’est-ce que je vais faire à la prochaine rentrée ? ». « Hum, communication, pour les mots, le graphisme, ça doit être cool ! ». J’ai bien trouvé la formation pour un BTS communication en alternance. Mais faute d’employeur, j’ai renoncé et ai passé l’année 2009 à faire des missions d’intérim en tant qu’hôtesse d’accueil.
J’étais maintenant dans ma 3ème année post bac et je ne savais toujours pas où j’allais. Je me souviens d’une conversation avec un proche qui m’a beaucoup touchée. Nous étions au lycée ensemble et nous nous étions perdus de vue. Et comme ce qui se passe souvent quand on croise une connaissance, nous avons pris des nouvelles de nos vies. Après mon tour de parole…il m’a demandé d’une voix douce et légèrement inquiète » Mais, Sidonie qu’est-ce qu’il t’arrive ? «
Je pense qu’une partie de moi aurait pu pleurer instantanément. C’était comme si ces quelques mots avaient fait éclater une petite bulle de tristesse dans ma poitrine… parce que cette même question m’obsédait. J’avais comme un point d’interrogation géant dans la tête et je n’arrivais pas à trouver la réponse. J’étais arrivée à un stade où j’avais fait une liste d’actes manqués sur une feuille pour bien me rendre compte de ma situation. Situation étant clairement que je tournais en rond. Et ce n’était pas vraiment une « initiative » qui me ressemblait. Malgré tout j’étais plutôt de nature à voir le verre à moitié plein. Donc, écrire cette liste représentait vraiment un signal particulier. C’était mes cinq minutes pour m’apitoyer sur mon sort…
Je lui ai simplement répondu que je me cherchais et la conversation a suivi son court.
Ma quête aussi a suivi son court. Comme, j’avais encore l’idée de faire un BTS communication, une conseillère m’a expliqué que le domaine était bouché et que ce serait encore compliqué de trouver un employeur. Elle m’invitait à viser un BTS plus généraliste pour trouver une entreprise d’accueil plus facilement. Je me suis exécutée. J’ai choisi un BTS assistante manager et en effet, j’ai trouvé un employeur plus facilement. J’avais la sensation de reprendre un peu les rênes de l’histoire. J’ai pu trouver une certaine stabilité pendant 2 ans. Cerise sur le gâteau. Cet employeur était même prêt à me garder pour la licence en communication. C’était magique ! Les planètes s’alignaient, – enfin – !
Puis, un mois avant la rentrée, on m’a annoncé que ce ne serait pas possible. Je me retrouvais sans employeur et en sachant pertinemment que je pouvais dire adieu à cette rentrée 2011. Ma conclusion est même allée plus loin. Je me suis sentie psychologiquement déposer les armes. J’arrêtais tout. J’arrêtais ma quête. J’étais prête à trouver mon bonheur uniquement dans ma vie personnelle. Il n’y avait même pas d’amertume dans cette décision. J’ai donc trouvé un emploi qui me permettait d’être en contact avec du public et de pratiquer mon anglais. Pas de passion, pas d’épanouissement professionnel, mais un travail qui paye les factures avec la possibilité de se poser et de fonder une famille.
Ironiquement après mon abandon, la réalité s’est arrangée pour me secouer et me dire que le jeu n’était pas fini. Mon projet de famille est tombé à l’eau et mon expérience professionnelle m’a rendu malheureuse. A tel point que je me suis fait une nouvelle promesse même plus un commandement :
» C’était la dernière fois que je prenais un emploi juste comme ça. »
Cette expérience a ravivé ma flamme. Cette décision a relancé ma quête de manière encore plus intense parce que maintenant je savais à quoi ressemblait le chemin de la résignation. J’avais vu son effet sur moi et il était absolument hors de question de le vivre de nouveau.
Donc rebelote, nous étions en mai 2012 et la question était de retour « Qu’est-ce que je fais à la prochaine rentrée ? ». A cette époque, une amie s’était inscrite dans une formation Rh et me disait que cela pourrait me plaire (Merci Elodie !). Au départ, j’étais franchement sceptique, la paie et le licenciement ...(c’était ma vision restrictive des ressources humaines) hum, ça ne me faisait pas vraiment vibrer. Après une nouvelle introspection, je réalisais que ce qui me plaisait le plus était de voir quelqu’un aimant son travail.
Tout d’un coup, la formation Rh revenait comme une option intéressante, non pas pour la paie ou le licenciement mais pour le recrutement. Après tout, c’était un maillon capital pour faire le lien entre les motivations et capacités d’un.e candidat.e et les besoins d’une équipe. A 24 ans, 6 ans après l’obtention de mon bac, j’avais enfin la sensation de vivre une vraie victoire dans ma quête. A l’âge où nombreux de mes amis commençaient leurs carrières professionnelles. J’intégrais une licence en réalisant que je me sentais enfin à ma place. En quelques mois de formation, je savais que j’aillais poursuivre en master et finir mes études supérieures à 27 ans. J’avais un petit vertige en y pensant mais ça en valait la peine. Ma flamme brillait, plus forte que jamais !
Cette année 2013 a été un vrai tournant dans mon parcours parce que je m’engageais enfin dans un cursus qui avait du sens pour moi. J’étais arrivée à mon but. C’était surtout le début d’une nouvelle ère. L’ère des révélations, l’ère de Gift.
J’ai hâte de tout vous raconter. Que notre aventure commence !