Je regardais une vidéo où le modèle Ashley Graham considérée « mannequin grande taille » expliquait qu’elle se sentait bien dans sa peau. Elle était fière de faire la couverture d’un magazine qui en 60 ans d’existence avait toujours représenté des femmes faisant maximum une taille 34. Certains l’ont trouvé prétentieuse et immodeste. Pardon ?
C’est dommage, elle dégageait une belle assurance. Le rapport à soi-même est déjà assez complexe. Cette vidéo, m’a inspiré ce post ; deux monologues intérieurs opposés.
Je suis belle
Je suis unique, il n’y en a pas 2 comme moi, nous sommes plus de 7 milliards sur cette planète mais non, vous n’en trouverez pas 2 comme moi. C’est scientifique, c’est l’ADN.
– Je m’aime
J’ai beaucoup de respect pour moi-même et pour les autres.
Physiquement, je suis parfaitement moi. Je suis belle. La normalité ne m’intéresse pas. En ce qui me concerne, il n’y a que pour les résultats médicaux qu’il est plus sain d’être dans la norme. J’ai des qualités et des défauts. J’adore mes qualités et pour mes défauts…grrr, j’essaye de me corriger, de m’améliorer, ce n’est pas évident mais vraiment, j’essaye.
– Je m’aime
Il n’y a pas de personnes toxiques dans ma vie, je suis très sélective. Les proches que j’ai choisis ne me demandent pas d’être parfaite, ils me demandent d’être sincère et réciproquement. Merci pour votre amitié, merci pour votre amour.
– Je m’aime
Je suis une personne de confiance. Je mets tout en perspective, les autres et surtout moi. C’est mon équilibre…une manière d’observer mes émotions de l’extérieur pour mieux me comprendre. Certains disent qu’il faut toute une vie pour se connaitre. J’aime cette idée. J’aime que ce soit à la fois une découverte et une création.
– Je m’aime
Professionnellement, je fais mon maximum avec intégrité. Je travaille dur pour atteindre mes objectifs. Je suis ambitieuse, très ambitieuse. Mon ambition ? Faire essentiellement ce qui a du sens pour moi pour être heureuse. Mes proches me soutiennent, merci. Je protège mon bien-être et je prends cette responsabilité très au sérieux. En même temps, qui va s’en charger sinon?
Face à l’échec, aux injustices, à l’adversité etc. j’accuse le coup, parfois durement. Après, j’apprends et je me redresse. Je porte mes cicatrices….mais ce n’est rien. Parfois, je ressens des « douleurs fantômes » mais ce n’est rien. C’est juste mon histoire, c’est moi. Quand, j’ai besoin de soutien, je demande du soutien. Quand, je dois me faire violence, je me fais violence. Grâce à ma résilience, je peux tout affronter.
Je suis attentive à mon ego, je m’assure qu’il soit toujours à la bonne place ; Pas de sous-estimation, pas de surestimation, juste ce qu’il faut pour être bien dans ma tête, bien dans mon corps.
Je fais des erreurs, souvent, et j’apprends, vite…enfin pas toujours vite….. Je peux faire les mêmes erreurs encore et encore mais au fond, je sais qu’il ne tient qu’à moi de faire mieux. Je gère mes angoisses.
J’adore découvrir les autres, leurs personnalités, leurs histoires…beaucoup de richesse. Les gens vivant avec entrain me fascinent…Il y a quelque chose chez eux, une énergie, c’est contagieux. Parfois, quand j’aime une qualité chez quelqu’un, je lui demande comment il fait parce que je voudrais progresser. Parfois, ces personnes savent expliquer et parfois elles ne savent pas « tu sais, c’est naturel, ça vient comme ça, je ne sais pas comment je fais » alors, je les observe et j’apprends. Je copie et je m’approprie. C’est du travail, ça prend du temps et c’est gratifiant. Mes expériences bonnes ou mauvaises m’enrichissent, me façonnent. J’aime me voir évoluer, je me surprends en bien parfois en mal aussi.
– Je m’aime
Passons au 2ème texte
Je suis banale
Je me sens vide,….insignifiante.
Je ne m’aime pas, mon corps…. il me dégoûte….enfin pas tout….en fait si, tout. J’ai plein de défauts, je ne vois que ça. Me mettre en valeur ? Pourquoi faire ?
– Je suis banale
J’ai des amis…..ce ne sont pas vraiment des amis mais ils m’évitent d’être complètement seule, isolée. Ils me dévalorisent…enfin, j’ai l’impression…je ne sais pas…peut-être que ça vient de moi.
La réussite des autres me rend amer. Je me sens menacée quand une personne réussit quelque chose que j’aurais aimé faire ou est quelqu’un que j’aurais aimé être. Si une personne complimente une autre personne devant moi, ça me blesse comme si on m’enlevait quelque chose….de la valeur ; ça n’a pourtant rien à voir avec moi, mais….je ne sais pas pourquoi ça me fait ça. Je ne sais pas me réjouir du bonheur des autres…qu’est-ce que ça révèle de moi ? Je suis pleine d’envie et….de tristesse. J’aurais tellement, tellement, voulue être différente. Je suis comme ça, je suis née comme ça, je n’ai pas eu de chance. Ils disent qu’on peut évoluer, changer, je ne pense pas. Dès que j’essaye d’avoir plus confiance, quelqu’un me rappelle qui je suis, me remet à ma place. Je n’aime pas cette place. Je sens qu’au fond je peux être mieux…enfin, je crois. J’ai déjà essayé de rabaisser quelqu’un pour me sentir mieux, ça ne m’a pas aidé.
Je voudrais être parfaite, c’est douloureux de ne pas l’être. Je ne supporte pas la critique, le ridicule, la honte… ça me tue de l’intérieur. Je recherche l’acceptation….en fait…je recherche une validation mais elle ne vient pas donc rien ne se passe.
Je suis pleine d’anxiété et en même temps tellement vide. Je n’arrive pas à gérer l’échec donc je ne fais rien, je ne fais pas de vagues. Immobile. Immobile et invisible.
– Je suis banale
Pourquoi, je n’ai pas le physique qu’il faut ? Ils disent que les standards de beauté, les filles dans les magazines, les filles dans les clips….sont irréalistes, retouchées. Tout le monde le sait, alors pourquoi je vois toujours la même chose, partout, tout le temps ? Voilà, je n’ai pas le physique qu’il faut, je suis certaine que je me sentirais mieux si c’était le cas….enfin, je crois.
Je suis insignifiante. Je n’ai pas de dignité, pourquoi les autres me respecteraient ? Je ne m’aime pas pourquoi quiconque m’aimerait?
Je me vois dans les yeux des autres et….je n’aime pas ce que je vois. Leurs paroles me rongent, me blessent, elles résonnent encore et encore dans ma tête et me marquent. Je pense qu’ils ne le savent pas, qu’ils ne savent pas que ça fait mal. Leurs mots me font mal. Pourquoi, je suis comme ça ? Ça me ronge. Je souffre toujours du mal qu’on a pu me faire, j’ai de la rancune. Et, je m’en veux aussi de laisser les autres me marcher dessus, je me sens si faible. Je n’arrive pas à leur pardonner et je crois que le plus dur est que je ne me pardonne pas….d’être moi.
Les autres ont l’air tellement bien et moi je suis là et je n’y arrive pas. Pourquoi, je suis si faible? J’aurais aimé que ce soit plus facile, vraiment…
Parfois, j’espère trouver quelqu’un qui me fera me sentir belle, quelqu’un qui me montrera ma valeur. Quelqu’un qui me montrera quelque chose de beau, de bien… quelque chose que je ne vois pas en moi. J’aimerais tellement… Et puis, j’ai peur, j’ai peur d’aimer et de souffrir si cette personne me laisse, me trahit, se détourne de moi avec ce bien-être qu’elle m’avait donné, le reprend en me laissant comme avant…pire qu’avant. Ce sont les gens qu’on aime le plus qui nous font le plus de mal, alors à quoi bon ? Ils disent que ça vaut le coup….je ne pense pas. Je me sens si vide, comment je peux être en vie et me sentir aussi vide ?
2 extrêmes. A vous de tirer vos conclusions. J’ai lu quelque part « ne laisse personne ternir ton éclat ». Hum.
Photo : Nicole Mason